Liberté académique/universitaire

vs
Science
vs
Inepties et manque de jugement
Avec une lettre d’opinions publiée dans le journal Le Soleil signée par plusieurs professeurs et personnalités en vue, il serait sage de remettre quelques pendules à l’heure.
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Mais qu’est-ce que la liberté académique aussi appelée liberté universitaire?
La liberté académique a pour but de pouvoir enseigner et faire de la recherche sur des voies connues et sur des voies encore inexploitées. Autrement, si on ne se limitait qu’aux domaines et connaissances connues, comment pouvons-nous progresser dans tous les domaines si on reste statique et qu’on ne cherche pas plus loin?
La médecine, la science, les mathématiques, et toutes formes de connaissances doivent repousser leurs limites pour pouvoir progresser et innover. La liberté académique sert justement à explorer et à repousser plus loin nos connaissances en donnant une liberté aux professeurs de sortir du “cadre”.
Dans ce registre, il existe un certain consensus sur la liberté académique des universités à travers le monde, le tout, plus ou moins sous les lois et libertés de chaque pays. Il y a par exemple la Magna Charta Universitatum signée par plus de 388 recteurs d’universités à travers le monde.
http://www.magna-charta.org/resources/files/mcu-2020-french/at_download/file/MCU2020%20-%20French%20and%20English.pdf?fbclid=IwAR29ItGlwwhwqZP0NT5riNfgoQj0n4Dtn_F9w2jmK2_QNiC9coVaM19cgBU
En voici deux passages en lien avec le débat actuel (je vous invite à lire cette charte au complet)…
« Les universités assument pleinement leur devoir d’enseigner et de conduire des recherches dans le respect de l’éthique et de l’intégrité, en produisant des résultats fiables, dignes de confiance et accessibles »
« Les universités ont des fonctions et des responsabilités citoyennes. Elles font partie et contribuent au développement de réseaux collégiaux mondiaux de la recherche et du savoir scientifiques qui s’appuient sur des corpus de connaissances partagées. »
D’où le consensus scientifique…
Alors la pseudo liberté académique doit être basée sur des recherches ayant des résultats fiables, dignes de confiance et accessibles.
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Mais comment la science tranche le débat
En science, on peut émettre une opinion mais celle-ci doit être basée sur des faits vérifiés et vérifiables. C’est à ça que sert la recherche, celle-ci permet d’accumuler les faits/données et de pouvoir valider ou invalider une théorie. Elle doit être reproductible et par la suite, validée par des pairs indépendants. On peut donc explorer à peu près n’importe quoi et repousser les limites chaque fois. Certaines théories prennent souvent des années avant d’être validées. On n’a qu’à penser aux théories de la relativité générale ou de la relativité restreinte d’Albert Einstein, qui ont pris des années à être validées et encore aujourd’hui, il en reste beaucoup à faire. Mais ces théories se basent sur plusieurs autres théories déjà bien en place et s’appuient sur des calculs mathématiques tangibles.
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Alors comment peut-on faire la différence entre une théorie plausible et des inepties et un manque de jugement?
Premièrement, il y a quelques questions de base à se poser, en voici quelques exemples:
- Est-ce que celui qui émet une théorie a les compétences pour l’énoncer?
Être électricien ne fait pas de nous un spécialiste des champs magnétiques, être génie logiciel ne fait pas de nous des spécialistes de l’électronique et des composants d’un ordinateur, pas plus qu’être biochimiste et n’avoir jamais travaillé sur des vaccins ARNm ou même sur l’ARNm ne fait pas de nous un spécialiste des vaccins.
- Est-ce que celui qui émet une théorie, et qui n’est pas lui-même compétent dans le domaine, a t’il seulement pris la peine de se baser sur de la recherche de spécialistes du domaine et que lesdites recherches ont été validées par des pairs indépendants?
Brandir des recherches non validées ou sortir de son ensemble une partie ou un graphique d’une recherche et lui donner des explications complètement fausses n’ont rien de scientifique, cela s’appelle du cherry-picking, et c’est un manque total de professionnalisme et c’est non crédible. Ce genre de paralogisme ne sert qu’à embrouiller un peu plus l’auditeur.
- Les preuves, les preuves et encore des preuves. Énoncer une opinion sans aucune preuve concrète, sans aucun travail de recherche digne de ce nom, en ne donnant que notre vision de notre ressenti, ce n’est pas scientifique, c’est mesquin et n’a nul autre utilité que de brouiller les gens en se donnant de la visibilité.
La pandémie et sa désinformation a mis en évidence une loi qu’un programmeur italien a formulé publiquement en 2013, on l’appelle la loi de Brandolini…
La loi de Brandolini ou le principe d’asymétrie du baratin : un défi pour les scientifiques. La loi de Brandolini s’énonce de la façon suivante :
« La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer ».
« La stupidité et l’ignorance peuvent poser une question en trois lignes, à laquelle trente pages de savoir et d’ingéniosité seront nécessaires pour répondre. Une fois cela fait, la même question sera triomphalement posée à nouveau l’année suivante, comme si rien n’avait jamais été écrit sur le sujet. »
- Théories du complot, théories exagérées sorties tout droit d’un monde parallèle ésotérique. Quand une théorie complètement loufoque a été maintes fois démystifiée et qu’on a démontré qu’elle était totalement fausse par la quasi totalité des spécialistes du domaine, et ce à grand renfort de recherches et de documentation, et qu’on continu de la propager, on est très très loin de la liberté académique. On ne parle plus du tout de faire progresser la science, on parle à ce moment plutôt de régression. La question est de savoir quelle éducation nous voulons donner aux futurs étudiants universitaires?
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Explications du Dr Mathieu Nadeau-Vallée
Le genre de discours publiques inacceptables et un grand manque du devoir de réserve.
Pour vous faire une idée du genre de discours dont les deux professeurs ont partagés et qui se retrouvent clairement dans la case des théories du complot antivaccins, ayant été maintes fois démystifiés.










Article que nous avons consacrée à démystifier complètement tous les raccourcis intellectuel de Nicolas Derome (et du collectif de désinformation de Re-Info Covid).
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Alors pourquoi l’Université Laval a suspendu deux professeurs pour leur prises de positions publiques face à la pandémie de covid-19 et des vaccins?
- Ces professeurs ont partagé sur la place publique, des théories totalement fausses et maintes fois démystifiées par la communauté scientifique. Et cela, sans aucune preuve, sans aucune recherche valable, en faisant des interprétations complètement fausses. Sans avoir les compétences requises pour émettre ces opinions.
- L’université Laval perd énormément de crédibilité et devient synonyme d’université des théories du complot, alors qu’à l’interne, plusieurs professeurs émérites et mondialement reconnus, eux, perdent aussi en crédibilité avec l’image projetée par ces deux professeurs.
- Ces deux professeurs nuisent très clairement à la santé publique en publiant de la désinformation. Ce qui nuit totalement à la responsabilité citoyenne de l’université elle-même œuvrant pour la santé publique depuis des années, que dis-je, depuis des décennies.
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Impeccable. Merci beaucoup.
M’a essayer de combattre Brandolini un peu…
Je suis microbiologiste et c’est presque un travail à temps plein de contrer la désinformation sur les réseaux sociaux. La liberté académique ne oermet pas de diffuser de fausses informations. C’est triste d’en être rendu là.
Effectivement, on a l’impression que c’est presqu’à l’infini de devoir constamment répéter les mêmes arguments scientifiques pour démystifier une ridicule affirmation gratuite sans aucune preuve pour l’étayer. Par exemple, quand on nous présente les vaccins ARNm comme étant une thérapie génique, on voit que les deux professeurs ont de grandes lacunes dans le domaine. C’est ahurissant qu’ils enseignent à l’université avec des connaissances si limitées. Ne pas savoir c’est quoi la transgénèse ou rétrotranscription et parler de thérapie génique, ça nous donne toute la limite de ses deux types.